CHANT VII
Et les dromadaires, tels des esquifs d’or fendant les vagues de feu de l’immense désert,
Couraient, à pas ailés, vers le lointain de flamme,
A pas si rapide qu'aucun simoun au souffle ardent,
Aucune flèche du sauvage bédouin n’aurait pu les atteindre.
Les palmiers des fraîches oasis chantaient à ses oreilles.
Les contes passionnés des troublantes péris, lui murmuraient des paroles d’amour.
Mais Abou-Lala, sourd au deux gazouillis, aux paroles berceuses,
Sans répit volait vers le soleil, lui-même pareil au soleil levant!
A ses yeux, il n’y avait que le désert s’étendant sous ses pieds ;
Au-dessus de sa tête, que le soleil secouant dans un ciel de saphir son éclatante crinière.
Les chameaux, sous leurs couvertures flottantes, galopaient, fougueux, comme frappés de folie,
A une allure insensée, ils filaient, ils volaient.
Et Abou-Mahari, solennel, triomphant, sous son lumineux manteau,
Volait, lui-même volait sans cesse, volait sans répit, vers le soleil, l’immortel soleil…