Lettre ouverte rappellant
aux croyants arméniens,
aux Eglises arméniennes de France
aux associations franco-arméniennes,
et aux trois CCAF
sur l'importance et la nécessité
de leur participation
au dialogue islamo-chrétien en France

  • A/ Texte de la lettre
  • B/ [(*)] www : renvois bliographiques et historiographiques
  • C/ Envoi séparé à chaque destinataire - Copies aux associations et médias franco-arméniens - Copies prévues aux centres de l'islam et du culte musulman de France, aux associations et médias franco-musulmans

  • Texte du courrier également visible dans les sites: NAM -

A/ Texte de la lettre

  • *** Monseigneur, Mon Père, Ma Soeur, Monsieur le Pasteur, Monsieur le Redacteur en Chef, Monsieur, Madame, etc.

  • Suite à la diversité ethno-culturelle qui se manifeste quotidiennement dans notre société française et pour un meilleur Vivre Ensemble, il s'est avéré une prise de conscience de la nécessité du dialogue islamo-chrétien : un dialogue qui vient d'être fortement stimulé dans la hiérarchie catholique avec le voyage du Pape Benoit XVI en Turquie.

    Pour r
    épondre à cette évolution en marche, il est indispensable que la composante arménienne de la société française prenne part à ce dialogue islamo-chrétien à quelques niveaux que se situe ce dernier.[(1*)] Compte tenu de toute cette importance croissante, il serait inconcevable que les différentes Eglises arméniennes de France , les associations franco-arméniennes et les CCAF ne fassent aucun effort pour participer à ce mouvement inter-religieux et sociétal.

    Je voudrais rappeler que le dialogue islamo-chr
    étien a existé avec l'Eglise arménienne dès les premiers temps de l'islam, avec le Prophète Mohammed, puis avec les Califes Omar et Ali selon la tradition.[(2*)] Il existe des manuscrits arméniens qui contiennent des passages traduits du Coran.[(3*)] De plus, il y a le fait historique que le Caliphe Mutamid (870-892) du "Dar-al-islam" (Pays de la Paix) a offert la couronne royale au prince Achot Bagratouni la couronne royale (vers 884). Au delà de la motivation politico-diplomatique, ce geste est un symbole fort faisant sortir l'Arménie du "Dar-al-Harb" (Pays de la Guerre).[(4*)]

    Les franco-arméniens ont un capital historico-religieux significatif et aussi une expérience vécue d'immigration et d'intégration réussie -symbolisée par le héros et martyre de la Résistance, Missak Manouchian.[(5*)] Comme chrétiens orientaux[(6*)] et citoyens français d'origine étrangère, ils peuvent aisément participer à ces réunions. Au cours des entrevues islamo-chrétiennes qui se développent déjà, il se peut que l'on ne veuille pas parler du Génocide arménien pensant à tort heurter la sensiblité des franco-musulmans. C'est une erreur de penser que le Génocide arménien pourrait être un obstacle au dialogue islamo-chrétien. Au contraire, il y aura à mettre au courant tout naturellement les musulmans de France que ce n'est pas l'islam qui est à l'origine de ce génocide.

    Comme chrétiens d'Orient, nous savons déjà que la cause premi
    ère du génocide de 1915 n'est pas l'islam : contrairement aux messages islamophobes anonymes diabolisant l'islam qui sont envoyés régulièrement dans les forums franco-arméniens pensant y faire alliance.[(*7)] La cause première du génocide des arméniens, est le projet ultranationaliste insensé d'un grand empire turc selon l'idéologie pantouranienne de l'époque, un empire allant de la Méditerranée au Pacifique[(*8)] :
    - le nettoyage ethnique de la population autochtone arménienne en 1915 avait été la 1ère étape de ce projet funeste
    [(*9)]
    - un projet souscrit par le pangermanisme qui convoitait la mise en valeur de la Mésopotamie par la déportation de la population arménienne.
    [(*10)]

    Il faudra rapporter aux franco-musulmans les écrits du capitaine arabe de l'armée ottomane et témoin musulman occulaire, Faïez El-Ghocein, chef bédouin et avocat : "C’est un crime que désapprouve l’humanité, l’islam et tous les musulmans ; mais ceux qui ignorent la vérité ne manqueront pas d’en jeter la responsabilité sur le fanatisme religieux."
    [(*11)] De plus, pour neutraliser les contre-vérités véhiculées par les islamistes ou les islamophobes -qui tablent sur le fanatisme en alimentant les ignorances et les peurs- il y a aussi à faire savoir qu'au Proche et Moyen Orient, les arméniens vivent en bon voisinage avec les concitoyens arabes ou perses de ces pays.[(*12)]

    La parole arm
    énienne doit s'exprimer au cours de ces rencontres de dialogue islamo-chrétien en France, en particulier sur la question cruciale de la reconnaissance du génocide arménien -qui est incontournable dans ce dialogue.[(*13)] Cette parole s'exprima précisemment avec le cas de la récente conférence : "Etre chrétien aujourd’hui en Turquie : est-ce possible ? Difficultés, chances et défis".[(*14)] En effet, au cours de cette conférence, le Père franciscain Gwenolé Jeusset, résidant depuis trois ans en Turquie, a cherché à occulter carrément la nature génocidaire des "massacres arméniens" sans même mentionner le fait qu'il y a eu déportation planifiée de la population arménienne.

    Madame Sophie Balastre qui était présente à cette conférence, nous en a apporté un excellent témoignage : comment le Frère Gwenolé sort de sa neutralité ecclésiastique pour aller sur le terrain politique en faveur d'une Turquie en parlant de sa "la
    ïcité" et omettant de mentionner son négationnisme d'Etat : comme si de rien n'était.[(*15)]

    C'est ainsi lors de l'émission religieuse "Le Jour du Seigneur" sur FR2 du dimanche 26 Novembre avant le voyage du Pape Benoît XVI en Turquie, que le journaliste du journal Le Monde Henri Tincq a en particulier :
    - pr
    ésenté la Turquie comme un pays "laïc",
    - occult
    é le génocide arménien
    - et fait preuve de mutisme sur le n
    égationnisme d'Etat en Turquie.[(*16)]

    A la longue,
    - à force d'insister sur la "la
    ïcité" de la Turquie actuelle alors qu'il s'agit d'un pays laïciste avec un vernis laïc, [(*17)]
    - survolant toujours de haut "les massacres arméniens" en rappelant que l'Empire ottoman détenait le Califat,
    [(*18)]
    - en ne faisant pas la part des choses entre le politique et le religieux,
    - en entretenant la confusion entre islam des janissaires et islam du Livre,
    [(*19)]
    - en ne faisant pas le distingo entre colonisateurs et colonisés,
    - en escamottant chaque fois le crime imprescriptiblet de un million et demi de victimes innocentes par l'Etat ottoman,
    - tout en sachant qu'on a cherché à former cet Etat ottoman à l'école européenne par le Traité de Paris de 1856, puis par le Congrés de Berlin de 1878 et par le Traité de Lausanne en 1923 lui consacrant l'impunité internationale de crime contre l'Humanité,
    [(*20)],
    on arrive à déceler comment ces "massacres" ont pu inspirer en filigrane les crimes nazis.
    [(*21)] Les descendants de rescapés d'un génocide savent qu'un génocide ne relève pas d'un extrêmisme religieux qui ne demande qu'à convertir, mais relève de la volonté d'exterminer mise en place par un Etat bourreau.[(*22)]

    Nous savons que ces camouflages, ces distorsions, ces confusions, ces omissions intentionnées, ces abscences occultées ou ces dissonances veulent créer en non-dit une non-existence du génocide de 1915.
    [(*23)] Cependant à travers ces manipulations historico-sémantiques, l'occidentalisme laisse l'islam en suspens et en suspicion. Un tel flou malsain et destructurant, tout en favorisant le déni de génocide, ne fait que présenter l'islam dans un discrédit inconscient.[(*24)] Cette situation qu'il faut discerner, reste encore embrouillée. Elle risque de s'accentuer avec l'islamisme mais aussi avec l'islamophobie. En effet, l'islamophobie se retrouve à l’avant-garde pour propager en France, sur la base de mélanges grotesques, le concept creux de "fascisme islamique" conçu et promu officiellement aux Etats-Unis.[(*25)]

    Aussi voyons-nous l'importance et la nécessité d'
    être présents à ces conférences ou réunions de dialogue pour faire valoir un dialogue islamo-chrétien authentique. Il y aura à préserver et à mener à bien un tel dialogue constructif et édifiant entre croyants : face au déni eurocentriste -allié de "la laïcité" kémaliste- et aussi face à l'obscurantisme religieux chez certains franco-musulmans que les turco-négationnistes essaient chaque fois d'exploiter.

    Il y aura à s'informer aupr
    ès des églises ou des mosquées de nos communes à propos des dates à venir. Il semblerait qu'il n'y a pas encore d'agendas ou de calendriers catholiques ou musulmans généraux mais nous avons préparé une page sur le dialogue islamo-chrétien en France avec différents sites existants.[(*26)] Pour terminer, je vous informe que le site ADIC travaille depuis plusieurs années à créer dans son site web des pages sur le dialogue islamo-chrétien avec l'Eglise arménienne ou non, au cours des siècles ou actuellement de nos jours.[(*27)]

    En restant
    à votre dispositon pour tout renseignement complémentaire, je vous prie d'agréer, ***Monsieur, Madame, l'expression de mes sentiments ditingués.

  • Nil Agopoff

B/ [(*)] www : renvois bliographiques et historiographiques

  • Extrait de ce texte publié dans les Nouvelles d'Arménie Magazine NAM N#126, janvier 2007, p77

C/ Destinataires et copies
en préparation

Envoi séparé à chaque destinataire :

Eglises arméniennes de Province

  • - Eglises apostoliques :
    - Eglises catholiques :
    - Eglises
    évangeliques :
Copies aux associations et médias franco-arméniens

Copies prévues aux centres de l'islam et du culte musulman de France,
aux associations et médias franco-musulmans

à compléter

-I.Présentation - II.Arménologie - III.Recherches-Analyses-Approches ADIC - IV.La vie arménienne en diaspora -V.La culture arménienne et l'Art - VI.Histoire - VII.Arménie(s) - VIII.Les différents environnements & l'Arménie - IX.Génocide de 1915 et enchaînements politico-médiatiques - X.Inconscient(s) collectif(s), Mémoire(s) et 1915 - XI.Religion(s) et Théologie(s)